CROSBY,STILLS,NASH & YOUNG(CSN&Y)- Déjà vu (1970)

Écrit par sur 19 novembre 2017

CSN&Y – Déjà vu

« La première chose que j’ai apprise avec ce groupe (Crosby, Stills, Nash & Young), confierait l’assistant Stephen Barncard des années plus tard, c’est à laisser la bande tourner tout le temps. On enregistre tout, un pet, un blip, un toussotement et soudain, voilà c’est parti. Et il valait mieux essayer d’avoir la première prise, souvent la meilleure. » A titre d’exemple, la chanson « Almost cut my hair » a été enregistrée totalement live…
La scène se passe à San Francisco, chez Wally Heider. David Crosby vit sur son bateau ancré au port, Graham Nash visite des maisons, Stephen Stills traîne avec le Grateful Dead. Personne ne sait ce que fait Neil Young mais, quand les 4 hommes se retrouvent en studio, les étincelles volent.
David Crosby : » Notre force, c’était que les 4 composaient. N’importe qui démarre un album avec ‘Carry On’, c’est déjà pas mal. La dessus quelqu’un apporte ‘Teach your children’ et tu as ‘Déjà vu’, puis tu suis avec ‘Country Girl’, ça te donne un putain d’avantage sur la concurrence … Et c’est tout cela que nous avions… »

Déjà vu – Back cover

Crosby, Stills,Nash & Young, le supergroupe US, les Beatles Américains, on se perdrait longtemps en conjectures…. Mais il est vrai que cet album reste monumental. Toutefois, dès cette époque merveilleuse, l’avenir de la formation semble menacée : le groupe en tant que tel ne produira finalement qu’une tournée générant un live égotique puis l’expérience s’arrête, empoisonnée par l’orgueil de chacun.

Harmonies vocales

Tout à fait étrangement, le premier effort, « Crosby, Stills & Nash » était un disque de copains. Au moment où le monde du rock s’enflammait sur la surpuissance de la guitare électrique, ces trois compères jouaient la carte de l’harmonie vocale. Par un hasard extraordinaire, un mélange de leurs 3 organes créait un tout harmonique ultime, sublime, poignant. Mais ce premier disque devait beaucoup aux nouvelles technologies des studios américains. Grâce au multi-tracking, à l’ajout des pistes, les chanteurs pouvaient empiler les voix, ajouter de l’écho, equaliser le résultat, le ralentir ou l’accélérer, même le jouer à l’envers.
Reproduire ces subtilités sur scène était une autre affaire. Soudain, Crosby, Stills & Nash redevenait l’assemblage hétéroclite d’un folkeux (Crosby), un virtuose (Stills) et un chanteur pop anglais (Nash). Une solution est trouvée : Neil Young. Un Neil Young qui fait son apparition dès le deuxième concert du groupe, au festival de Woodstock le 15 Août 1969 devant un demi millions de freak défoncés. Joni Mitchell n’avait pas voulu monter dans l’hélico. Elle suit le concert devant un téléviseur, dans un chambre d’hôtel à New-York. Mais, inspirée comme jamais, elle écrit la chanson « Woodstock » et la donne au groupe.
Qui s’appelle désormais Crosby, Stills, Nash & Young & Taylor & Reeves (le batteur et le bassiste — à leur insistance démocratique, leur seule apparition télé sera proposée sous ce patronyme ronflant). En studio, totalement obsédés par le nouveau disque, les musiciens s’accordent des séances de travail de 48 heures non-stop (avec l’aide de nombreux stimulants). Problème : les tempéraments des musiciens sont pour le moins volatiles.
Stills est décrit par tous comme un macho sudiste ombrageux. Graham est plus lent à exploser, mais ses colères sont mémorables. Crosby joue les médiateurs… jusqu’à ce qu’il pète les plombs ou sombre dans une profonde dépression (sa petite amie vient de mourir dans un accident de voiture). Les séances sont donc émaillées d’un lot de méchanceté, rumeurs, prises et reprises. Au moins, tous sont tendus par la responsabilité de livrer album fulgurant aux fans.
Tard, lorsque Crosby et Nash rejoignent les fêtes branchées des hippies de la ville, lorsque Young repart pour son ranch, l’ingénieur Bill Halverson prend l’habitude de passer ses nuits en studio avec Stills, tapotant le miroir et remixant inlassablement… « Je crois bien que nous avons finis par passer 500, voir 700 heures sur ce disque. A expérimenter, à chercher des trucs… ».


Ambiance dans le studio

Dallas Taylor : » Je n’oublierai jamais le jour ou on a enregistré ‘Carry On’ . Je m’étais acheté une Porsche ce matin là… LE groupe allait mal. Bagarres, engueulades, crises de nerfs. Et puis Nash a dit à Stills:’ On a toujours pas de titre d’ouverture’… Stephen a pris 2 morceaux, il les a combinés avec un jam de la veille. Cette séance est allé relativement vite, d’une manière quasi- télépathique. D’autres morceaux ont nécessité trois jours non-stop. » Désormais plus personne ne sait si le groupe travaille de jour ou de nuit. A la demande des musiciens, toutes les horloges ont été enlevés des murs…
Stills s’expliquera beaucoup plus tard, dans les notes du coffret « Crosby, Stills & Nash »: « A huit dans le studio, on enregistre, on réécoute et chaque fois que quelqu’un ouvre la bouche, sa phrase commence par ‘Eh bien moi, je crois que…’ Ca finit par devenir totalement chiant. Au lieu de tuer quelqu’un, j’attendais que tout le monde reparte. Ou alors, je me cassais et je revenais en pleine nuit. Là, on pouvait bosser. En plus au final, personne n’a élevé de plainte… »
Les managers ne sont d’aucune aide : la seule fois où ils réunissent tout le monde en studio, c’est pour signer des contrats, pas pour écouter de nouvelles chansons.

Pourquoi auraient ils écouté ? Alors que le mixage se poursuit, Atlantic annonce au groupe que les pré-commandes pour ‘Déjà Vu’ dépassent les 2 millions. L’industrie découvre un nouveau vertige, un disque double-platine le jour de sa sortie.
A la réecoute, « Déjà Vu » reste un fantastique achèvement musical. Toutes les promesses étaient tenues. Sur un tapis de wah-wah, avec des bouquets d’orgues luxuriants, le rock country du supergroupe évoquait le désert et les grands espaces d’une Amérique ou les beatniks laissaient peu à peu la place aux hippies… Crosby surtout savait les toucher. Son « Almost cut my hair » reste un immense moment de réalisme baba cool que Zappa ne se laisserait jamais de brocarder.

Source Philippe Manoeuvre (La Discothèque idéale- Albin Michel)

Groupe:

  • David Crosby — vocals, rhythm guitar
  • Stephen Stills — vocals, lead guitars, guitars, bass, keyboards
  • Graham Nash — vocals, rhythm guitar, keyboards
  • Neil Young — vocals, lead and rhythm guitar, keyboards, harmonica

Additional personnel

  • Dallas Taylor — drums, percussion
  • Greg Reeves — bass on “Almost Cut My Hair,” “Helpless,” “Woodstock,” “Déjà Vu,” “Country Girl,” and “Everybody I Love You”
  • Jerry Garcia — pedal steel guitar on “Teach Your Children”
  • John Sebastian — harmonica on “Déjà Vu”

Production personnel

  • David Crosby, Stephen Stills, Graham Nash, Neil Young — producers
  • Bill Halverson — engineer

Morceaux qui passent dans les shows : Hall of Fame, Rock US, Southern Rock, Live, Le grand Mix
Carry On, Almost cut my hair, Teach your Children, Woodstock, Our House…


L’article de Rolling Stones sur la polémique sur l’album « Déjà Vu »
https://www.rollingstone.fr/crosby-stills-nash-young-une-impression-de-deja-vu/


https://youtu.be/AVsbqVJLFow

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