THE RAMONES – The Ramones (1976)

Écrit par sur 29 octobre 2017

 

 

Rares furent les critiques rock suffisamment clairvoyants pour percevoir dans les Ramones et dans ce 1er album sorti au début de l’été 1976 un événement de portée historique. La plupart d’entre eux sont insensibles au cri de ralliement qui retentit des les premières secondes ; » Hey ho, let’s go (Blitzkrieg Bop, 2mns 11s, pas une de plus). Ils ont vu 4 voyous en cuir noir et jeans déchirés qui se prétendent frères, comme les Dalton (Johnny Ramone à la guitare, Tommy Ramone à la batterie, Dee Dee Ramone à la basse et Joey Ramone, chanteur dans le rôle d’Averell), et ils ont décrétés que c’était à l’évidence des crétins qui veulent taper sur la pétasse à coups de batte de base ball (Beat on the brat, 2mns 30, l’un des morceaux les plus longs de l’album). En plus, ils rendent hommage au film d’horreur Massacre à la tronçonneuse (Chain saw, 1mn 55s), ne ménagent pas leurs neurones  (Now I wanna sniff some glue, 1mn34s) et reprennent Let’s Dance de Chris Montez . Et puis, c’est quoi ce mot « punk » dans « Judy is a punk » ? On ne l’entend jamais sur les disques de Genesis et Yes !
Les journalistes sérieux sont surtout hérissés par l’effarante rapidité et la consternante simplicité des chansons (les paroles ne font parfois que 2 lignes, répétés juste ce qu’il faut), qui sur scène sont précédés d’un ONETWOTHREEFOUR ! aboyé comme une mise en garde.
Ils n’ont rien compris.
Mais à travers le monde, quelques milliers de jeunes vont encaisser l’un des grands chocs de leur vie. Ils ne s’en remettront jamais tout à fait. Certains formeront des groupes, d’autres suivront le mouvement en s’appropriant la ligne de conduite des Ramones : il est permis d’être stupide. Il est encouragé de constamment pratiquer l’auto parodie, il faut s’offrir de temps en temps une bonne dose de rock basique, voir néandertalien.
Ce disque est le premier album Punk, un an avant tous les autres.

« Nos premières chansons exprimaient de vrais sentiments- l’aliénation, la solitude, la frustration- des sentiments que tout le monde éprouve de 17 à 75 ans » dit Joey Ramone. Avec cet album de moins de 29 minutes, produit avec 600 $, les Ramones balayèrent d’un coup tout le rock clinquant des anées 70. Le guitariste Johnny Ramone refusait de jouer des solos-synonymes de rock dégénéré – et ses accords au marteau piqueur devinrent la lingua franca du punk

Les Ramones eurent également un destin digne d’une tragédie de Racine. Ils n’ont jamais récolté le fruit de leur travail (ils finiront par se séparer au bout de 22 ans de carrière et 16 albums. Dès le moment où Johnny partit avec la fiancée de Joey (qui en fit une chanson, The KKK tooks my baby away en 1981, en référence aux tendances réactionnaires du guitariste. Ils ne se sont plus jamais échangé la parole, pendant plus de 15 ans. Enfin, depuis la séparation du groupe, 3 des membres fondateurs sont morts : Joey, Johnny et Dee Dee.

 

Source : Rolling Stone


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