Blue Oyster Cult : souvenirs d’Eric Bloom

Écrit par Rno sur 7 décembre 2019

S’il n’y avait pas eu de Sandy Pearlman, il n’y aurait pas eu de Blue Öyster Cult

Sandy Pearlman : manager et auteur

Du moins, pas comme nous l’avons connu, remontant au début des années 1970, avec un line-up classique qui vantait la section rythmique Bouchard, les frères Albert et Joe (batterie et basse, respectivement), le guitariste-claviériste Allen Lanier et pour toujours les chanteur frontmen – guitaristes Eric Bloom et Donald « Buck Dharma » Roeser.

Quant à la contribution de Pearlman, il ne s’est pas contenté de le gérer. Il est parolier et co-auteur de plusieurs de leurs premières chansons (29 au total, dont l’album Imaginos de 1988).

Pearlman les a fait signer à Columbia et a coproduit sept de leurs albums. Il a également créé l’image publique de Blue Öyster Cult, en les présentant au monde comme un groupe de heavy metal quasi mystique, aux teintes sombres et « penseurs ». Il les gardait obliques; leurs têtes n’étaient même pas sur les deux premières pochettes d’album et sur la troisième c’était une gravure d’eux debout éloignée près d’un avion allemand de la Seconde Guerre mondiale. Leur album révolutionnaire, Agents of Fortune, présente une peinture d’un magicien tenant quatre cartes de Tarot.
Et Pearlman, était l’homme qui a amené le chanteur principal Bloom dans le groupe — d’abord appelé Soft White Underbelly, puis le Stalk-Forest Group — après qu’il ait viré le chanteur Les Braunstein en 1969.

L’arrivée d’Eric Bloom

Bloom vivait à New York et «n’en avait pas la queue d’un !» Il avait trouvé un boulot de vendeur dans une boutique d’instruments de musique Sam Ash à Long Island.

« Underbelly est entré pour acheter des amplis et j’étais le vendeur », se souvient Bloom. « Les n’était pas là. On a discuté et je leur ai vendu un tas d’amplis. Lors de Thanksgiving 1968, j’ai reçu un appel téléphonique de Les sans prévenir. Ils jouaient au Electric Circus dans le Village. la sono n’était pas bonne. Il m’a demandé si je pouvais venir et compléter la sono ? »
C’est quelque chose que Bloom faisait auparavant au Hobart College dans le nord de l’État de New York. Il avait sa sono dans un van et jouait dans un groupe de bar universitaire.
« Alors je suis allé et je me suis occupé de la sono pour les Underbelly, » poursuit Bloom. « Pearlman est venu me voir après le concert et m’a dit : « Ça te dirait de travailler pour le groupe ? Ils avaient déjà un contrat sur Elektra. Sandy m’a invité à emménager dans la maison du groupe et j’ai emménagé le jour de Noël. Et ça a changé ma vie sur-le-champ« .
« Je ne savais pas qu’ils avaient des problèmes de personnalité avec Les et vers le mois d’avril 69, Sandy s’est approchée de moi alors que je regardais la télévision dans le salon. Il avait mon tambourin à la main, un sourire aux lèvres, un petit rire et m’a dit : « Les garçons veulent te parler. Ils répétaient au sous-sol, alors je l’ai suivi en bas. Sandy m’a mis devant le groupe, et ils m’ont demandé si je voulais faire partie du groupe.«

Pearlman avait fait signer les Underbelly à Elektra. Ils avaient enregistré un album, mais il n’est pas sorti : « Un an s’est écoulé et nous sommes allés jouer dans les bars pour rester en vie pendant que Sandy essayait de s’occuper de la situation dans son ensemble« , dit Bloom. « Sandy a renégocié le contrat et nous a obtenu assez d’argent d’Elektra pour faire un deuxième album totalement nouveau. Nous sommes allés à Los Angeles pour faire un disque aux studios Elektra de La Cienega. À ce moment-là, nous avions changé notre nom pour celui de Stalk-Forest Group. Ces bandes existent bel et bien, mais Holzman [le fondateur d’Elektra] ne l’a pas aimé à la fin et ne l’a jamais sorti. C’est de la préhistoire, mais rien de tout cela ne serait arrivé sans Sandy« .

« Sandy a rencontré Murray Krugman, qui était cadre chez Columbia Records, et nous avons fait une audition pour Clive Davis, qui était président de la compagnie. Ils ont nettoyé une longue salle de réunion et on s’est alignés contre un petit mur du fond. Columbia s’est assis sur huit chaises face à nous. Ils ont éteint les deux tiers des lumières et nous avons fait un set de cinq chansons devant Clive Davis et quelques autres producteurs de disques dont Bobby Colomby, qui était[aussi] le batteur dans Blood, Sweat and Tears. Patti Smith était là, c’était la petite amie d’Allen. Clive a aimé et Sandy a négocié avec Clive et nous a fait signer. Sandy avait la main partout ».

« Certaines chansons que nous avons écrites nous-mêmes, » dit Bloom, « mais dès le début, nous avons commencé à écrire des chansons avec des paroliers de l’extérieur. » Patti Smith, Helen Wheels, Richard Meltzer et d’autres y ont contribué. « La création de la chanson est venue de plusieurs façons. Le fait d’avoir des paroliers parmi nous dès le début a aidé le groupe à démarrer et lui a donné sa personnalité. »

Le Style de Pearlman

L’une des chansons les plus intéressantes de Pearlman, et sans doute la plus controversée, était « ME 262 », un rock métal de leur troisième album, Secret Treaties. La chanson, écrite il y a plus de quarante ans, traite d’un sujet qui était d’un grand intérêt trois décennies auparavant. Et après toutes ces années, c’est toujours une pièce maîtresse de leur set live.

Bloom chante « ME 262 » d’un point de vue unique : celui d’un bombardier allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, pilotant le premier avion de chasse à réaction au monde. « Ce n’est pas différent de n’importe quel autre air, dit Bloom, mais en Angleterre, certainement, quelqu’un pourrait être choqué par ces paroles. On ne sait jamais comment quelqu’un perçoit des paroles ». Bloom et Roeser ont écrit la musique mais, dit Bloom, « C’est un texte de Pearlman et qui sait ce qu’il voulait dire quand il a écrit cette chanson… » Quant à son point de vue, Bloom dit, « je pourrais être plus sensible à elle aujourd’hui que je ne l’étais alors. Je pense que Pearlman était plus intéressé par la technologie, car c’était le premier chasseur à réaction tactique. Mais après cela, il a peut-être commencé à s’interroger sur ce que cela aurait pu être de l’autre côté et a décidé d’écrire ce qui se serait passé dans ce cockpit. C’est certainement une prise de vue inhabituelle. »

Et c’est ce que Pearlman faisait de mieux, s’aventurer en territoire lyrique que peu de groupes de rock de l’époque ont fait : extraterrestres, trafics de drogue qui ont mal tourné, les Hells Angels au festival rock meurtrier d’Altamont, astronomie, la police montée canadienne, une tueuse en série féminine…

Au début des années 70, Blue Öyster Cult était surtout un groupe underground jusqu’à ce que « (Don’t Fear) the Reaper » de Roeser devienne TOP 12 en 1976. Des décennies plus tard, la chanson a inspiré un sketch populaire de Will Ferrell pour Saturday Night Live et une accroche de Christopher Walken, qui a prononcé la phrase devenue culte « More Cowbell ».

L’apogée

Ils sont sortis des clubs, pour être en tête d’affiche des tournées dans les grands stades avec Black Sabbath (the Black & Blue Tour).
Ils ont eu d’autres succès radio FM avec « This Ain’t the Summer of Love », « Godzilla », « Burnin’ for You », « Joan Crawford »…
Au fil des ans, ils ont réalisé 17 albums studio qui se sont vendus à environ 14 à 15 millions d’exemplaires, selon Bloom.
Le claviériste et guitariste Allen Lanier décède le mercredi 14 août 2013 d’une maladie pulmonaire chronique à l’âge de 66 ans. De son côté, Joe Bouchard sort un album solo, The Power of Music, le 29 avril la même année. Le 26 juillet 2016, le producteur du groupe, Sandy Pearlman, décède à l’âge de 72 ans.

https://youtu.be/vIsdGEE_Og0