Eagles – Hotel California

Écrit par sur 20 novembre 2019

Il est rare qu’un groupe décide de réaliser l’album parfait. La plupart des trésors rock que nous vénérons sont nés dans l’imprévu, l’impulsivité et résultent souvent d’accidents. Mais parfois, une équipe se met méticuleusement en place, prenant le temps de tester la température des radios, le climat des clubs, les désirs des maisons de disques et du public. Hotel California des Eagles est de ceux là. Ce fut une réussite totale.

Des musiciens venants d’horizon différents

Les garçons venaient de coins d’Amérique différents (Texas, Floride, Michigan). Ils avaient trimé dans l’ombre des grands studios de Los Angeles, accompagnés bien des grands (Randy Meisner le bassiste avait joué avec Ricky Nelson), subit moult pétages de plombs mais juré que leur groupe eux, fondé dès 1971, serait une démocratie totale, où chacun y compris le batteur, aurait une voix égale. Très vite deux compositeurs à succès sortent du panier de crabes. Don Henley et Glenn Frey se taillent la part du lion et leur country nonchalante commence à séduire les radios « One Of These Nights« .

Pour donner un son plus rock au groupe, les Eagles engagent Don Felder guitariste de l’ombre qui joue avec Crosby et Nash. Puriste country, le soliste Bernie Leadon s’éclipse. Il est remplacé par un hard rocker venu de James Gang, Joe Walsh. Et le groupe se met en tête de publier l’album parfait. Avec un soin maniaque, il investit les studios Criteria de Miami entre Mars et Octobre 1975 avec le producteur Bill Szymczyck. Les Eagles ne vont pas enregistrer en studio, ils vont y vivre. Avec table de ping-pong, patins à roulettes et deux chats, ils prennent l’habitude de passer trois jours et trois nuits d’affilées sur une chanson.

Dans une rare interview, Randy Meisner confirme cette volonté monumentale: « Entendons nous bien, rien n’est jamais parfait, ni ne le sera jamais, mais nous avons essayé. L’enregistrement des chansons fut difficile, nous les avons énormément travaillées. Souvent des concerts venaient interrompre le processus. Nous partions sur la route et dès notre retour à Miami, nous reprenions le travail. Il a fallu quatre mois pou tout enregistrer, énorme pour l’époque. Mais à l’arrivée, quand tout s’est mis en place, dès la première réécoute, nous savions que nous tenions un…« 

Szymczyck est un maitre du coup de lame de rasoir et ses montages et remontages de bandes inventent ce qui deviendra une tactique commune avec les studios numeriques. Sauf que les Eagles ont un son absolument chaleureux et totalement analogique. Cette volonté des Eagles de bien faire, c’est celle de poursuivre la route tracée par Gram Parsons, dévalée par Buffalo Springfield, les Byrds mais surtout Crosby, Stills, Nash & Young, alors considérés comme le Beatles américains.

Mexican Reggae

Dans l’ombre des clubs, notamment au Troubadour, les Eagles sont devenus copains avec une nouvelle génération, Randy Newman, Warren Zeavon, Jackson Browne, JD Souther, le comique Steve Martin. Les charts de l’époque sont trustés par Wings, Fleetwood Mac, Stevie Wonder ? Eagles propose une alternative country-rock dernier cri. Le titre de travail de « Hotel California » fut longtemps « Mexican Reggae ». Mais chaque groupe a son sommet et selon Don Henley: « Hotel California était le notre. Nous savions que nous étions en train d’atteindre un autre niveau, les chansons ont suivies. »
Procédant par petites vignettes, les Eagles focalisent l’album sur la Californie et plus particulièrement les mystères d’Hollywood, orgies de Beverly Hills, nouvelle insanité hédoniste californienne.

Comme chaque fois qu’un disque raconte un mode de vie, « Hotel California » allait connaitre le succès mondial. Porté par deux single Numéro 1, l’album reste une des plus grosses ventes de tous les temps. Instantanément , les Eagles deviennent le groupe le plus important des Etats-Unis.

Ils se produisent dès lors des stades. Tel un monument vénéneux, la précision clinique, cocaïnée de « Hotel California » enfonce jusqu’à la concurrence de Steely Dan (« They stab it with their steely knives, but they just can’t kill the beast« ) autrefois moqueur (« The Royal Scam« ), désormais dépassé. Si « Hotel California » et « New Kid In Town » font le bonheur des FM, d’autres titres exploseront en radio, notamment « Life In The Fast Lane » et son riff gorgé de reverb. Les Eagles brodent sur cet album une dentelle qui obsédera les apprentis guitaristes des décennies durant.

La Presse pas enthousiaste

La presse rock de l’époque ne fut guère tendre avec les Eagles. Plus qu’aucun autre groupe (à l’exception peut être de Jethro Tull), les aigles essuyeront force scuds.

Et comme un album rock ne peut devenir universel sans que s’y attachent mythes et légendes, « Hotel California » baigne vite dans le brouillard des rumeurs occultes les plus démentes. En cause, la pochette intérieure sur laquelle on distingue à l’étage du lobby un personnage faustien. Ce figurant serait Anton Szandor LaVey, fondateur de l’église sataniste de Californie. Pour beaucoup, la messe (noire) est dite. Seul un pacte des musiciens avec le Malin pouvait expliquer leur succès foudroyant, leur ascension fulgurante et leur style de vie notoirement débauché (« Pretty Maids All In A Row »). Pour d’autres, la métaphore de la chanson (à la diabolique ritournelle hantée) ne concerne que la fin d’un premier âge d’or du rock. Ultime possibilité: « Hotel California » décrit les tourments d’un musicien ayant vendu son âme au rock business et errant dans un purgatoire cinq étoiles, avec room service à disposition et les Eagles à la radio.

Le Wiki

Hotel California est le cinquième album studio du groupe rock américain Eagles, sorti en 1976. En 1977, cet album a gagné le Grammy Award de l’« enregistrement de l’année » et des « meilleurs arrangements pour les voix » pour la chanson New Kid in Town. L’album s’est vendu à 32 millions d’exemplaires dans le monde entre 1976 et 2011.

La pochette, créée par David Alexander et John Kosh, représente, au crépuscule, le Beverly Hills Hotel à Los Angeles (connu sous le nom The Pink Palace) souvent fréquenté par les stars d’Hollywood.

Le magazine rock américain Rolling Stone a classé Hotel California 37e dans sa liste des 500 plus grands albums de tous les temps. La pièce-titre, Hotel California, en est le titre le plus célèbre.
Il est classé 4ème dans mon Top 33 des LP

Source : Philippe Manoeuvre, La Bibliothèque Idéale

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