Bad Company

Écrit par sur 1 octobre 2017

Le batteur Simon Kirke est catégorique : le succès de Bad Company, peu après sa formation en 1973, tient essentiellement au fait que le groupe ne tournait pas autour du pot. Alors que le glam rock tenait le haut du pavé, que le progressif anesthésiait les foules et que certaines formations hard délayaient leurs morceaux à coups de solos, de guitare ou d’orgue, d’un quart d’heure, l’alternative proposée par le chanteur Paul Rodgers (ex-Free, comme Kirke), Mick Ralphs (guitariste de Mott The Hoople) et Boz Burrell, qui venait de sévir chez King Crimson en tant que bassiste et vocaliste, allait enthousiasmer cette large frange du public friande d’authenticité.
Boosté au blues rock jusqu’en 1982, Bad Co va enregistrer six albums dont les extraits les plus connus (“Bad Company”, “Can’t Get Enough”, “Good Lovin’ Gone Bad”, “Movin’ On”…)

continuent d’être diffusés régulièrement par les radios classic rock. Salement dépité à la séparation de Free dont la carrière aurait pu être plus longue si le guitariste Paul Kossoff n’avait pas été victime d’addictions qui allaient lui coûter la vie, Paul Rodgers précisa d’emblée à Mick Ralphs qu’il ne remontait pas un groupe pour rigoler. Bien inspiré, le chanteur allait trouver chez le guitariste créateur de “Ready For Love” pour Mott The Hoople (également reprise par Bad Co), un partenaire aussi doué que l’était Andy Fraser, le bassiste de Free avec qui il avait composé l’essentiel des chansons, dont la célébrissime “All Right Now”. Recruter Burrell prit davantage de temps, mais l’obstination de Rodgers à trouver la bonne formule fit l’admiration de Peter Grant, alors manager de Led Zeppelin, qui signa Bad Company sur Swan Song, le tout nouveau label du groupe. Respectivement parus en 1974 et 1975, “Bad Company” et “Straight Shooter” résumaient parfaitement ce qu’était cette formation : un quatuor de types têtus (qui se sont battus avec leur management pour imposer leur nom), boosté au blues rock, porté sur les riffs et les mélodies, influencé par Jimi Hendrix, Cream et les Beatles, dont l’ambition, ouvertement affichée, était effectivement d’aller droit au but ! C’est-à-dire dans les charts, américains notamment, où le groupe figurera régulièrement en très bonne place jusqu’à sa (première) séparation. Si la voix de Paul Rodgers et le style de Mick Ralphs sont les éléments les plus reconnaissables des années dorées de Bad Co, la rythmique est aussi bigrement efficace. Boz Burrell, pour sa part, a souvent été à l’origine des idées les plus excentriques du groupe et notamment de ses débordements funky. Quant à Rodgers, qui joue également de la guitare et des claviers, il a régulièrement explosé les contours de la formation, insistant par exemple pour qu’un arrangement de cordes signé Jimmy Horowitz (talentueux enjoliveur pour Dusty Springfield, Steve Harley, Linda Lewis, Rod Stewart…) soit appliqué à “Run With The Pack”, chanson-titre du premier des deux albums (publiés en 1976 et 1977), qui viennent d’être réédités. Ebranlé par le décès de John Bonham en septembre 1980, Peter Grant finira par éprouver quelques difficultés à manager tout ce petit monde, et l’assassinat de John Lennon, en décembre de la même année, incitera de nombreux
musiciens célèbres, dont Paul Rodgers, à se mettre en retrait. Après son départ et le split en 1982, le groupe revivra deux fois avec des chanteurs différents — Brian Howe (ex-Ted Nugent) et Robert Hart (ex-The Distance) — mais sans connaître le même succès. Depuis la fin des années 90, Rodgers, qui a chanté avec Queen et tourne régulièrement (en 2017 notamment) en solo, consacre également du temps à Bad Company (qui a parfois existé sans lui, avec Mick Ralphs aux commandes et Robert Hart au micro). Officiellement, une émanation du groupe est toujours en activité (Boz Burrell est décédé en 2006), mais de récents problèmes de santé ont éloigné Mick Ralphs de la scène. Selon ses proches, au moment d’écrire ces lignes, il se remettrait lentement mais sûrement.

Discographie

  • Albums studios :
  • Bad Company (1974)
  • Straight Shooter (1975)
  • Run With the Pack (1976)
  • Burnin’ Sky (1977)
  • Desolation Angels (1979)
  • Rough Diamonds (1982)
  • Fame and Fortune (1986)
  • Dangerous Age (1988)
  • Holy Water (1990)
  • Here Comes Trouble (1992)
  • Company of Strangers (1995)
  • Stories Told & Untold (1996)
  • Albums live :
  • What You Hear Is What You Get: The Best of Bad Company Live (1993)
  • In Concert : Merchants of Cool (CD/DVD) (2002)
  • Live in Albuquerque 1976 (2006)
  • Hard Rock Live (2010)
  • Live at Wembley (2011)
  • Live In The UK 11th April 2010, Wembley Arena – Coffret 3 CD Édition limitée.
  • 40th Anniversary Tour (2013) – Lors de leur 40è anniversaire, le groupe sort cet album de 3 CD, incluant un rockumentaire enregistré préalablement à la radio, et vendu lors des concerts de la tournée.
  • Live in Concert 1977 & 1979 (2016)

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