LED ZEPPELIN IV (1971)

Écrit par sur 24 octobre 2017

Led Zeppelin IV cover & back

Led Zeppelin IV cover & back

C’est à l’automne 1971 que la nouvelle déclenche une énorme joie dans les bureaux des disques Atlantic : le 4 ème album de Led Zeppelin ( Led Zeppelin IV ), groupe mammouth, sortira bien avant noël, en dépit d’un mixage long et périlleux. Mais, douche froide, lors d’une conférence de presse, l’immense Peter Grant, gargantuesque manager, lâche sa bombe : ses poulains exigent, fait sans précédent, une pochette sans nom, sans titre, sans numéro de catalogue, ni référence. Chez Atlantic, on parle soudain de « suicide commercial ». Le groupe cherche t’il la guerre avec sa maison de disques ?

De fait, c’est un certain nombre de journalistes mal embouchés que Led Zeppelin visait. Depuis 2 ans, une meute de critique criblait le dirigeable de banderilles barbelées, affirmant que le succès de ses 3 premiers albums était imputable à une colossale stratégie publicitaire et non à un talent musical à ceux de Cream ou de la Hendrix Experience.

Avec cette pochette totalement vierge de toute inscription, Jimmy Page veut « laisser parler la musique« .

Fort heureusement la musique est ici fabuleuse: riffs chromés, batteries nucléaires et hurlements de prima donna sertis d’arrangements roués. Le Zeppelin a son plus haut niveau. Depuis 1 an, le quatuor couchait des titres sur bande. Commencées au studio Island dès le glacial mois de décembre 1970, les séances avaient repris dans un vieux manoir posé dans la campagne anglaise ou Fleetwood Mac avait ses habitudes. Dès que John Bonham installe sa batterie dans le hall, une incroyable acoustique se développe et les idées commencent à circuler librement. Le studio 16 pistes des Rolling Stones et l’ingénieur Andy Johns feront le reste. Amplis et microphone sont installés entre la salle à manger, les escaliers, les salles de bain. Selon Jimmy Page : »Nous n’avons pas arrêté de tout bouger. L’acoustique de ce disque est unique. Elle affecte votre subconscient. » En 1 mois l’album est presque terminé. Abondance créative : d’autres morceaux (« Boogie with Stu, Nightlight ») se retrouveront 4 ans plus tard sur « Physical Graffiti ». Mais surtout les musiciens habitent ensemble, vivent sur place et enregistrent au gré de leurs envies,  » sans tomber dans le 96 prises d’affilés ». En gros? si au bout de 2h les titres e sont pas finalisés, ils sont carrément abandonnés, souvent pour de salutaires visites au pub local. Evidemment cette ambiance est payante : lors d’une déconnade sur « Keep a Knockin » de Little Richard, Bonzo délimite une intro fulgurante sur laquelle Page renchérit sèchement. A l’arrivée « Rock and Roll », chef d’oeuvre de concision, d’humour et de bravoure. De retour à Londres, chez Island, les 4 compères peaufinent lentement un mois de bande et terminent notamment « Four Sticks » (boogie sur lequel Bonzo fracasse ses caisses avec 4 baguettes, 2 dans chaque main). La encore, Page complète « Black Dog » en branchant sa Les Paul dans une cabine Leslie et en triplant ses riffs (il en joue 3 superposés et différents: un à gauche, un à droite, un au milieu).

Mais surtout Page veut un grand studio pour réussir ce qui il présent comme un énorme moment épique de Led Zeppelin IV « Stairway to Heaven » . Au départ, le guitariste triture un riff de Randy California (Spirit)sur une guitare acoustique Harmony. A Headley Grange. Robert a griffonné un texte lyrico-mystique. A la demande de Page, John Paul Jones construit un arrangement qui monte crescendo, bougeant le tempo, l’accélérant.  Le solo initial est enregistré en un éclair, Jimmy ayant ressorti de son étui la fameuse Telecaster psychédélique qu’il utilisait du temps des Yardbirds. Les riffs de la fin sont cisaillés sur cette Les Paul 1959 que Joe Walsh avait offert à Page. Cette chanson épique est l’un des grands moment de l’album – 20 ans après sa sortie, les radios US annoncaient un total de 2 874 000 passages, aujourd’hui on frole les 4 millions – mais faisant là encore preuve d’une indépendance rigoriste, le groupe refusera toujours de publier « Stairway to Heaven » en simple, forçant les fans à emprunter les chemins complexes d’un album surpuissant, bible du hard Rock, disque de chevet de génération de guitaristes de Bertignac à Slash.

Aujourd’hui encore, ni Page ni Plant ne tiennent « Stairway to Heaven » pour le grand moment du disque, le guitariste préférant designer l’homérique finale « When the Leevee Breaks », le chanteur parlant de « Stairway… » comme de « ... la foutue chanson de mariage« . Dès la fin de l’enregistrement, Andy Johns suggère un mixage au Sunset Studio de Los Angeles. Jimmy Page débarque en ville en même temps qu’un tremblement de terre. Quand Page revient à Londres, le groupe est consterné par le résultat peu probant. Ce premier essai sera effacé (hormis « Leevee ») et le mixage est enfin finalisé à Londres, aux studios Trident. Très vite, le dirigeable repart en tournée et le 5 mars 1971 à Belfast, « Black Dog » et « Stairway to Heaven » sont joués pour la première fois en public.

Et la pochette ? Cette fameuse pochette cryptique ? Pour ses 3 premiers albums, Jimmy Page vieil élève en communication visuelle, avait su pénétré les esprits par des visuels délirants. Cette fois, il part d’une photo de vieux portefaix déniché dans une brocante de Reading:  » Ce vieil homme portant un fagot est en harmonie avec la voiture ». Le mystérieux portrait est photographié dans un ensemble d’HLM en destruction, dans la ville de Duddley. La pochette intérieure représente un dessin d’Hermite, 9eme lame du livre de Thot, indiquent la solitude du sage qui cherche en lui même. Pur couronner ce puzzle, chaque musicien fait dessiner son logo. Pour Plant une plume, pour John Paul Jones un symbole rosicrucien, pour Bonzo 3 cercles. Là encore Jimmy Page se distingue, dénichant un symbole cabalistique qui pourrait provenir du manuscrit ésotérique du Dragon Rouge, mais que les fans américains, peu portés sur les recherches ésotériques baptiseront Zoso.
Pour en savoir plus sur la pochette, lisez l’article : http://radiocbgb.fr/led-zeppelin-iv-les-secrets-de-la-pochette

Et le disque ? C’est un projet révélateur: les Led Zeppelin vivent alors entre 2 mondes. La campagne anglaise ou ils habitent avec leurs familles et les fastes de Hollywood, ville de tous les excès où ils attendent leurs groupies chéries (« Going to California »). Numéro 1 en Grande Bretagne durant un mois, le 4eme Zeppelin (Led Zeppelin IV) est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands albums de tous les temps, un de ceux qui ont changés la face du rock, la vie des fans et encore plus la fortune des musiciens.

« Comment appelez vous ce disque ? Zoso ? The Runes album ? Four symbols ? « 
Jimmy Page « Nous l’appelons le 4eme album » !

Source Philippe Manoeuvre (La Discothèque idéale- Albin Michel)

Morceaux qui passent dans les shows : Hall of Fame, Hard Rock

Compléments :
http://gonzai.com/peter-grant-the-man-who-led-zeppelin/


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